L’AVENTURE DE PICANDOU EN CLASSE DE MOYENS (nov 2006 à mai 2007)

 

1-        Découverte du projet sur le site de Sylvaine Belin :
http://materalbum.free.fr « des albums en maternelle »

Lecture des pages concernant « une mascotte en classe »  Picandou, une marionnette-gant hérisson. (cf document)

N’ayant jamais mis en place moi-même un tel projet et malgré la crainte de la non-adhésion des enfants au fait que ce soit la maîtresse qui fasse parler ouvertement la marionnette, mais possédant une  marionnette hérisson à la maison, je me suis décidée à tenter l’expérience dans ma classe.

 

2-  Modalités d’installation dans ma classe

 

Picandou (ambiguïté du nom piquant et doux en même temps) arrive dans notre classe après les vacances de Toussaint en novembre.

Je le présente dans un carton rempli de feuilles de feuilles mortes et de papier journal et sur lequel on trouve une lettre « Je m’appelle Picandou et veut hiberner dans votre classe si vous êtes d’accord… »

Les enfants sont à ma grande surprise d’emblée subjugués, ils écoutent l’histoire de la marionnette avec beaucoup d’attention, veulent la toucher, la caresser, se l’approprier…décision de lui trouver une maison dans la classe, un carton rempli de feuilles décoré de leurs dessins

 

Cet espace intermédiaire entre le rêve et la réalité (espace jeu illusion) suscite leur adhésion naturelle et spontanée.

Les enfants se présentent à Picandou, présentent la classe à leur nouvel ami, celui-ci devient très vite indispensable, les parents sont informés de l’arrivée de la mascotte (photos, lettre affichée à l’extérieur de la classe..) ainsi que toute l’école par la parution d’un article dans le journal.

Picandou connaît très vite tous les coins jeux de la classe, on lui fait dès le matin sa toilette, lui essayent tous les habits du coin poupée, sa consultation médicale, sa cuisine, il fait aussi partie des conversations du matin lors des dessins pendant l’accueil, afin qu’il ne manque rien, les enfants lui chante tout le répertoire de la chorale, il fait de la voiture, du tracteur, on lui construit sa maison en legos ou en kaplas, la maîtresse prend des photos de tous ces moments

Il facilite aussi le retour au calme (il n’aime pas le bruit) et se met en boule sinon.

 

Ceci nous fait réfléchir à la vie des hérissons et nous amène à faire des recherches : dvd, documentaires, mœurs des hérissons, dessins de Picandou, on lui fait sa fiche identité, albums histoires ayant un hérisson comme personnage ; On compose ainsi précisément son identité.

 

Picandou passe de mains en mains en classe et n’est plus jamais dans sa maison (la maîtresse intervient pour que ça  ne soit pas toujours les mêmes enfants.)

« Dis maîtresse, est ce qu’il va toujours rester avec nous Picandou ? »

Les doudous sont acceptés dans la classe mais doivent se poser rapidement dans la caisse à doudous, on ne les prend qu’en cas de gros chagrins ou pendant le repos, les enfants n’y pensent même plus avec la présence de Picandou .

C’est un objet qui devient le doudou de la classe et qui a une fonction de transition avec le doudou personnel (maison /espace social étranger), il est aussi un objet transitionnel qui pallie dans les moments de détresse les non-disponibilité de la maîtresse occupée par d’autres.

 

Puis un jour Picandou a une idée et leur demande quelque chose de très important : 
« Est-ce que je pourrai venir chez vous en vacances, pour voir votre maison connaître vos parents, vos frères et sœurs ? J’ai apporté ma valise  ».

Les enfants sont fous de joie, on détermine ensemble les jours de départ, mardis soirs et vendredis soirs.

Ensuite,  comment va-t-on savoir chez qui il partira ?

La maîtresse introduit le tirage au sort, espace démocratique collectif qui leur permet de différer leur désir, d’apprendre le partage ; les étiquettes prénoms sont mises dans un sac, mélangées par notre ATSEM Gaëlle (complicité et travail avec elle) et Picandou. Puis celui- ci ressort une étiquette, on essaie de deviner, fille, garçon, (lettre qui commence le prénom).

Au début, beaucoup de frustrations, pleurs, colères (les plus immatures) puis acceptation progressive.

Le plus jeune élève l’a même kidnappé un soir, sa maman le ramène très ennuyée le lendemain…

 

Dans la valise avec les accessoires de toilette de Picandou, il y a aussi un gros classeur dans lequel chaque enfant, avec l’aide de ses parents, note,  laisse une trace écrite ou photos ou document multimédia, de ce qu’il a vécu avec la mascotte et qu’il fait partager aux autres, dès son retour en classe.

Les parents participent activement et débordent de trouvailles, Picandou au karaté, au club de judo, en ballade en forêt, en train, au tirage de la galette des rois….

Quand il ramène Picandou à la maison, l’enfant amène un objet qui symbolise son appartenance au groupe social de la classe et avec lui une part de l’identité sociale qu’il constitue en dehors de son espace familial.

De même au retour, lorsque l’enfant ramène Picandou après son week-end, il fortifie son identité individuelle au sein du groupe en ramenant des éléments de sa vie familiale. En fait il ramène du social dans le familial et du familial dans le social ce qui renforce son identité et qui explique son adhésion.

 

Un nouvel élève est arrivé dernièrement, il n’a pas eu le droit de participer tout de suite au tirage, on voulait lui laisser le temps de rentrer dans la classe mais il l’a très vite réclamé afin d’être lui aussi reconnu comme nouvel appartenant à part entière du groupe .

Picandou fédère le groupe classe (identité personnelle et identité du groupe), il médiatise et facilite les passages déterminants dans l’identification du sujet entre individu et collectif social.

 

C’est une expérience vécue et partagée en commun, une culture commune à tous, dont ils peuvent parler chez eux, entre eux, ainsi, le carnet de bord ou classeur est la mémoire des vécus des uns et des autres, mémoire du temps qui passe
- photos de Noël : Les enfants ont écrit au père Noël pour qu’il apporte un cadeau à Picandou : un doudou, petit hérisson miniature, pour qu’il se sente moins seul.

- photos de Carnaval : les enfants ont fabriqué un costume à Picandou et à son doudou (mini-hérisson)

Il facilite la communication, même les plus timides viennent parler en grand groupe de leur expérience.

Pour ma part, j’utilise aussi cette marionnette pour faire passer des messages aux enfants par rapport aux comportements troublant le collectif (agressivité, agitation, problèmes qui peuvent déranger le groupe d’où exclusion momentanée du tirage) : il faut se montrer responsable de Picandou, s’en occuper, en prendre soin, le ramener dans la classe au bon moment. Ainsi l’enfant est jugé apte à participer au tirage s’il fait preuve de civilité dans sa classe. Comme le doudou amène avec lui du soin maternel de la maison à l’école, Picandou réclamant qu’on s’occupe bien de lui permet à l’enfant de s’identifier de façon active à la maîtresse qui s’occupe de lui. Il s’occupe de lui avec des consignes similaires à celles que la maîtresse donne en classe.

C’est une mascotte qui lie le groupe comme le totem donne son identité au clan, symbolise le lien social  qui lie les individus entre eux.

Picandou instaure de multiples relations et possibilités :

Elèves /élèves

Elèves/institution école (parution de l’arrivée de Picandou dans le journal d’école)

Elève/Picandou

Parent/enfant/Picandou

Elève/maîtresse et maîtresse/élève par l’intermédiaire de Picandou

Elève/Atsem

Elèves/adultes de l’école

 

3-  Conclusions

Cette mascotte renforce la cohésion du groupe, c’est un projet qui les contient et les rassure.

Elle aide à répondre au projet pédagogique de la classe des moyens, de part la culture commune qu’elle constitue pour tous offrant ainsi de multiples sources de langue orale : prise de parole, discussion entre pairs, avec les adultes, aide les petits parleurs.

Cette mascotte  permet de nombreuses activités
 (cf « une mascotte pour quoi faire ? 1001 idées pour la classe ») à mettre en place dans la classe. Elle est un support dont je ne soupçonnais  pas la richesse et l’importance qu’elle pouvait prendre dans la classe. Les enfants auraient pu tous porter des tee-shirts Picandou tant ils sont fiers et aiment leur mascotte.

 

Merci à cette collègue et à son site qui m’ont poussée à tenter cette passionnante et bénéfique expérience.

Il faudra par la suite envisager le départ de Picandou et organiser une cérémonie d’adieu à cet accompagnant de leur année scolaire, témoin du fait que les élèves ont grandi et qu’ils vont passer en grande section, nouvelle expérience de séparation organisée et consentie, source d’intériorisation ultérieure de toute l’expérience.

Cette mascotte, animal totem apporte beaucoup de joies, de plaisirs  à vivre aussi bien pour les enfants, que pour le maître, l’ATSEM.

C’est un excellent outil pour faciliter la gestion de groupe quant on sait l’importance que ça revêt dans une classe.

 

 13 mars 2007

« Bonjour Sylvaine,
J'aime beaucoup votre site sur lequel j'ai pris beaucoup de choses pour ma classe de moyens.
Cette année, j'ai tenté l'aventure Picandou et ça a été génial merci pour cette super idée.
Ci- joint mon exploitation en classe.

Hélène Balussaud »