1-
Découverte
du projet sur le site de Sylvaine Belin :
http://materalbum.free.fr « des albums en maternelle »
Lecture
des pages concernant « une
mascotte en classe » Picandou, une marionnette-gant
hérisson. (cf document)
N’ayant
jamais mis en place moi-même un tel projet et malgré la crainte de la non-adhésion des enfants au fait que ce soit la maîtresse
qui fasse parler ouvertement la marionnette, mais possédant une marionnette hérisson à la maison, je me suis
décidée à tenter l’expérience dans ma classe.
2-
Modalités d’installation dans ma classe
Picandou (ambiguïté
du nom piquant et doux en même temps) arrive dans notre classe après les
vacances de Toussaint en novembre.
Je
le présente dans un carton rempli de feuilles de feuilles mortes et de papier
journal et sur lequel on trouve une lettre « Je m’appelle Picandou et veut hiberner dans votre classe si vous êtes
d’accord… »
Les
enfants sont à ma grande surprise d’emblée subjugués, ils écoutent l’histoire
de la marionnette avec beaucoup d’attention, veulent la toucher, la caresser,
se l’approprier…décision de lui trouver une maison dans la classe, un carton
rempli de feuilles décoré de leurs dessins
Cet
espace intermédiaire entre le rêve et la réalité (espace jeu illusion) suscite
leur adhésion naturelle et spontanée.
Les
enfants se présentent à Picandou, présentent la
classe à leur nouvel ami, celui-ci devient très vite indispensable, les parents
sont informés de l’arrivée de la mascotte (photos, lettre affichée à
l’extérieur de la classe..) ainsi que toute l’école par la parution d’un
article dans le journal.
Picandou
connaît très vite tous les coins jeux de la classe, on lui fait dès le matin sa
toilette, lui essayent tous les habits du coin poupée, sa consultation
médicale, sa cuisine, il fait aussi partie des conversations du matin lors des
dessins pendant l’accueil, afin qu’il ne manque rien, les enfants lui chante
tout le répertoire de la chorale, il fait de la voiture, du tracteur, on lui
construit sa maison en legos ou en kaplas, la
maîtresse prend des photos de tous ces moments
Il
facilite aussi le retour au calme (il n’aime pas le bruit) et se met en boule
sinon.
Ceci
nous fait réfléchir à la vie des hérissons et nous amène à faire des
recherches : dvd, documentaires, mœurs des
hérissons, dessins de Picandou, on lui fait sa fiche
identité, albums histoires ayant un hérisson comme personnage ; On compose
ainsi précisément son identité.
Picandou
passe de mains en mains en classe et n’est plus jamais dans sa maison (la
maîtresse intervient pour que ça ne soit
pas toujours les mêmes enfants.)
« Dis
maîtresse, est ce qu’il va toujours rester avec nous Picandou ? »
Les
doudous sont acceptés dans la classe mais doivent se poser rapidement dans la
caisse à doudous, on ne les prend qu’en cas de gros chagrins ou pendant le
repos, les enfants n’y pensent même plus avec la présence de Picandou .
C’est
un objet qui devient le doudou de la classe et qui a une fonction de
transition avec le doudou personnel (maison /espace social étranger), il
est aussi un objet transitionnel qui pallie dans les moments de détresse les non-disponibilité de la maîtresse occupée par d’autres.
Puis un jour Picandou a une
idée et leur demande quelque chose de très important :
« Est-ce que je pourrai venir chez vous en vacances, pour voir votre
maison connaître vos parents, vos frères et sœurs ? J’ai apporté ma valise
».
Les enfants sont fous de joie, on détermine ensemble
les jours de départ, mardis soirs et vendredis soirs.
Ensuite, comment va-t-on savoir chez qui il
partira ?
La maîtresse introduit le tirage au sort, espace
démocratique collectif qui leur permet de différer leur désir, d’apprendre le
partage ; les étiquettes prénoms sont mises dans un sac, mélangées par
notre ATSEM Gaëlle (complicité et travail avec elle) et Picandou.
Puis celui- ci ressort une étiquette, on essaie de deviner, fille, garçon, (lettre
qui commence le prénom).
Au début, beaucoup de frustrations, pleurs, colères
(les plus immatures) puis acceptation progressive.
Le
plus jeune élève l’a même kidnappé un soir, sa maman le ramène très ennuyée le
lendemain…
Dans
la valise avec les accessoires de toilette de Picandou,
il y a aussi un gros classeur dans lequel chaque enfant, avec l’aide de ses
parents, note, laisse une trace écrite
ou photos ou document multimédia, de ce qu’il a vécu avec la mascotte et qu’il
fait partager aux autres, dès son retour en classe.
Les
parents participent activement et débordent de trouvailles, Picandou
au karaté, au club de judo, en ballade en forêt, en train, au tirage de la
galette des rois….
Quand
il ramène Picandou à la maison, l’enfant amène un
objet qui symbolise son appartenance au groupe social de la classe et avec lui
une part de l’identité sociale qu’il constitue en dehors de son espace
familial.
De
même au retour, lorsque l’enfant ramène Picandou
après son week-end, il fortifie son identité individuelle au sein du groupe en
ramenant des éléments de sa vie familiale. En fait il ramène du social dans le familial et du familial dans le social ce qui renforce
son identité et qui explique son adhésion.
Un
nouvel élève est arrivé dernièrement, il n’a pas eu le droit de participer tout
de suite au tirage, on voulait lui laisser le temps de rentrer dans la classe
mais il l’a très vite réclamé afin d’être lui aussi reconnu comme nouvel
appartenant à part entière du groupe .
Picandou
fédère le groupe classe (identité personnelle et identité du groupe), il
médiatise et facilite les passages déterminants dans l’identification du sujet
entre individu et collectif social.
C’est une expérience vécue et partagée en commun, une
culture commune à tous, dont ils peuvent parler chez eux, entre eux, ainsi, le
carnet de bord ou classeur est la mémoire des vécus des uns et des autres,
mémoire du temps qui passe
- photos de Noël : Les enfants ont écrit au père Noël pour qu’il apporte
un cadeau à Picandou : un doudou, petit hérisson
miniature, pour qu’il se sente moins seul.
- photos de Carnaval : les enfants ont fabriqué
un costume à Picandou et à son doudou (mini-hérisson)
Il
facilite la communication, même les plus timides viennent parler en grand
groupe de leur expérience.
Pour
ma part, j’utilise aussi cette marionnette pour faire passer des messages aux
enfants par rapport aux comportements troublant le collectif (agressivité,
agitation, problèmes qui peuvent déranger le groupe d’où exclusion momentanée
du tirage) : il faut se montrer responsable de Picandou,
s’en occuper, en prendre soin, le ramener dans la classe au bon moment. Ainsi
l’enfant est jugé apte à participer au tirage s’il fait preuve de civilité dans
sa classe. Comme le doudou amène avec lui du soin maternel de la maison à
l’école, Picandou réclamant qu’on s’occupe bien de
lui permet à l’enfant de s’identifier de façon active à la maîtresse qui
s’occupe de lui. Il s’occupe de lui avec des consignes similaires à celles que
la maîtresse donne en classe.
C’est
une mascotte qui lie le groupe comme le totem donne son identité au clan,
symbolise le lien social qui lie les
individus entre eux.
Picandou
instaure de multiples relations et possibilités :
Elèves
/élèves
Elèves/institution
école (parution de l’arrivée de Picandou dans le
journal d’école)
Elève/Picandou
Parent/enfant/Picandou
Elève/maîtresse
et maîtresse/élève par l’intermédiaire de Picandou
Elève/Atsem
Elèves/adultes
de l’école
3-
Conclusions
Cette
mascotte renforce la cohésion du groupe, c’est un projet qui les contient et
les rassure.
Elle
aide à répondre au projet pédagogique de la classe des moyens, de part la
culture commune qu’elle constitue pour tous offrant ainsi de multiples sources
de langue orale : prise de parole, discussion entre pairs, avec les
adultes, aide les petits parleurs.
Cette
mascotte permet de nombreuses activités
(cf « une
mascotte pour quoi faire ? 1001 idées pour la classe ») à mettre en
place dans la classe. Elle est un support dont je ne soupçonnais pas la richesse et l’importance qu’elle
pouvait prendre dans la classe. Les enfants auraient pu tous porter des
tee-shirts Picandou tant ils sont fiers et aiment
leur mascotte.
Merci
à cette collègue et à son site qui m’ont poussée à tenter cette passionnante et
bénéfique expérience.
Il
faudra par la suite envisager le départ de Picandou
et organiser une cérémonie d’adieu à cet accompagnant de leur année scolaire,
témoin du fait que les élèves ont grandi et qu’ils vont passer en grande section,
nouvelle expérience de séparation organisée et consentie, source
d’intériorisation ultérieure de toute l’expérience.
Cette
mascotte, animal totem apporte beaucoup de joies, de plaisirs à vivre aussi bien pour les enfants, que pour
le maître, l’ATSEM.
C’est
un excellent outil pour faciliter la gestion de groupe quant on sait
l’importance que ça revêt dans une classe.
13 mars 2007
« Bonjour Sylvaine,
J'aime beaucoup votre site sur lequel j'ai pris beaucoup de choses pour ma
classe de moyens.
Cette année, j'ai tenté l'aventure Picandou et ça a
été génial merci pour cette super idée.
Ci- joint mon exploitation en classe.
Hélène
Balussaud »