Évidemment, les questions fusent : "qu'est-ce que c'est, pourquoi, comment c'est arrivé, qu'est-ce qu'il y a dedans, est-ce qu'on peut ouvrir, c'est peut-être des cadeaux, etc..." On attend que tous les enfants soient arrivés et on essaie d'ouvrir, en essayant toutes les clés dont on dispose. On va même demander aux ATSEM ou aux voisins de nous prêter leurs clés, sans succès évidemment... On observe alors, on écoute, on soupèse, on retourne, on émet des hypothèses, jusqu'au moment où un enfant aperçoit une enveloppe accrochée à une poignée de la malle ( que j'ai discrètement fixée à leur insu ). Sur l'enveloppe est dessinée une clé et le mot "clé" est également écrit : une vraie clé se trouve dans l'enveloppe. Immédiatement, les enfants comprennent et on peut enfin ouvrir la malle : j'en profite pour faire un grand cinéma et soulever le couvercle avec une certaine inquiétude. On ne sait jamais ! et si c'était... A l'intérieur, des feuilles jusqu'au ras bord (ou du papier journal chiffonné si je n'ai pas eu le temps de faire ma récolte de feuilles mortes ). Les enfants restent un peu méfiants et j'en profite pour me proposer pour fouiller ces feuilles. Avec d'infinies précautions, je retourne les feuilles, je fais durer le plaisir, les enfants sont concentrés, attentifs, partie prenante dans ma mise en scène ( j'aime bien ce côté théâtral de la maternelle, c'est vrai qu'on est souvent en représentation et ce qui est rassurant c'est que les enfants, qu'on pourrait croire blasés par tout ce qui les entoure, restent complètement perméables à ce jeu ). Enfin, je finis par sentir quelque chose et discrètement j'enfile la marionnette sur ma main afin qu'elle puisse sortir et s'animer. Elle
apparaît, fait la timide et finit quand même par se présenter
: C'est évidemment moi qui parle mais les enfants ont les yeux rivés sur la marionnette et prennent son discours très au sérieux. Ils ne me regardent pas, ils sont dans l'histoire. Ils acceptent avec enthousiasme et veulent embrasser la marionnette, la caresser.
On lui trouve un endroit dans la classe pour qu'il voit tout le monde, et être vu par tous. Mais les découvertes ne sont pas terminées ... un peu plus tard, dans la journée ou le lendemain, Picandou reprend la parole, remercie les enfants de leur hospitalité, précise qu'il y a d'autres surprises dans la malle. Je retourne à la découverte et sort une boîte qui contient des bonbons ou des gâteaux : c'est un cadeau de Picandou pour nous remercier. Mais Picandou me demande de chercher encore et je finis par trouver un deuxième hérisson qui lui, ne "parle" pas . Picandou explique alors que son petit copain l'a suivi et qu'il voudrait bien savoir comment sont les maisons des enfants : est-ce que les enfants veulent bien l'emmener chez eux chacun leur tour et lui raconter au retour ce qu'ils ont fait ensemble? Tout ça pour mettre en place des activités de langage: les enfants devront raconter à Picandou ce que son copain a fait avec eux ( le copain ne parle pas ! ). Mais aussi des activités de repérage dans le temps : hier, après, avant, demain, etc..., faire venir la maison à l'école par le biais de photos que les parents vous confient..., des activités de mémorisation..., etc... Il reste à trouver un nom au copain : les propositions vont bon train et on en profite pour étudier nos propres prénoms. On
les dit, on les écrit ( c'est la maîtresse, sous la dictée,
pour les petits et les moyens, les grands et certains moyens savent déjà
le faire mais on est encore en début d'année), on les reconnaîtra
bientôt tous. On écrit "Picandou " ainsi que le nom donné
à son copain avec une photo à l'appui (vive le numérique
... ), on fait pareil pour les enfants. Ils racontent souvent à Picandou des choses dont ils ne me parlent pas. Ils sont attentifs à son confort en intervenant, quelquefois vigoureusement, auprès de certains de leurs camarades un peu trop bruyants ou agités. |
Il
fait rapidement partie de leur univers "école" et "maison", car il va participer
à toutes leurs activités et être même à l'origine de beaucoup d'entre elles. C'est peut-être lui qui apportera un album qu'on pourra lire et exploiter ...un album qui parle de hérisson, par exemple, comme... "A trois, on a moins froid" ! Je me fais plaisir tous les ans, car ça marche toujours. Je trouve cette activité pleine de ressources, renouvelable en changeant de mascotte, et un excellent moyen de faire passer plein de choses, parfois contraignantes, en douceur. Je pense que beaucoup de collègues qui utilisent une mascotte se reconnaîtront dans ce récit. |
voir
la liste de livres ayant pour thème les hérissons
|
jeux de picandou |